De l'ennui... Au milieu du désert [Libre, qui m'aime me suive]

Seul, abandonné par son mentor depuis maintenant des jours, il tuait le temps à l'auberge de Fadh en regradant inlassablement les voyageurs aller et venir au gré de leurs envies et de leurs gueules de bois aussi. Et le constat qu'il avait pu faire jusqu'ici était triste. La ville de Fadh devait être bien vide d'activités si tant de poivrots préféraient perdre leur temps à boire et à parier dans un endroit sordide. Il n'était pas beaucoup de sorti de cet endroit. Bien sûr, il avait pu jeter un coup d'oeil aux différents commerces et étales qui s'étendaient dans les rues, vendant des produits aux vertues subitement miraculeuses et autres substances parfois à peine licites. Il avait bien pu profiter du paysage qu'offrait les batiments blancs qui étincelaient sous le soleil de plomb, dans un cadre poussiéreux et aride. Mais les rues commerçantes étaient surtout bruyantes. Les interpellations des marchands qui essayaient de vous vendre leurs produits et les clients qui s'emportaient lorsque leurs négociations indécentes n'étaient pas acceptées. Il ne pouvait pas vraiment dire que l'auberge était bien plus calme, mais au moins il avait une place à l'ombre, et profitait de cet ersatz de fraîcheur. Si l'on pouvait parler de fraîcheur...


L'alcool non plus n'était pas conseillé dans ces conditions. Ce pourquoi Noctem avait opté pour quelque chose de plus doux : un simple thé, boisson populaire dans les environs, si l'on enlevait tout ce qui pouvait d'une façon ou d'une autre faire tourner la tête. Posté dans un coin, il avait une vue parfaite sur le dehors, par les vitres rustres et mal entretenues de l'auberge. Il préférait ne pas accorder trop d'attention aux beuglements des brigands qui se disputait sûrment pour une quelconque triche, ni même aux chants mièvres du barde qui tentait de conquérir un public bien peu réceptif avec ses sérénades. Sa cacophonie lui valait bien des huées, aussi bien de la part des hommes que des femmes. Certains lui avait même jeter des pintes à moitié vide dessus, le suppliant bien peu aimablement de bien vouloir quitter les lieux. Et Noctem n'en espérait pas moins.


Cette cité pourrait bien arriver à le rendre fou. S'il avait su que Xenos le laisserait ainsi, en plan, sans grandes explications, il ne serait jamais venu. Il entendait encore son mentor lui parler de cet indicateur qui aurait certainement un travail à la paye juteuse, mais qui ne faisait confiance qu'à un maigre nombre de personnes. Si pratique lorsque le travail nécessitait plus d'une personne. Non seulement, il n'aurait que les informations par le biai de Xenos, mais en plus cela l'avait mené dans cette foutue situation.

"Cela devrait prendre qu'un jour ou deux, lui avait-il dit. Reste ici pendant ce temps, et essaye de ne te mettre personne à dos !"

Il entendait encore sa voix enjouée, comme à son habitude. Si plus jeune, cela avait été un point positif, c'était devenu maintenant un point irritant. Y avait-il seulement une chose qu'il arrivait à prendre au sérieux ? Et puis c'était quoi cette dernière phrase ? Si quelqu'un avait bien un talent pour attirer l'attention c'était bien Xenos. De là où il était, il n'attirait pas l'attention. Pas plus que chaque personne ici qui huait encore une fois le pauvre musicien pour sa dernière musique. Le pauvre hère lui faisait presque pitié. S'il avait eu une pièce à gaspiller peut-être lui en aurait-il lancer une. Mais pour cette fois, il devrait se contenter d'un sourire légèrement moqueur et d'un regard presque compatissant.

Dernière édition par Noctem le Ven 3 Avr - 14:16, édité 2 fois

J'aimeJe n'aime pas

Quand il était jeune, avant que son clan ne décide de s’installer dans le Royaume de Gar, Bralgzertgh avait du lui aussi, mettre la main à la patte pour pouvoir subvenir au besoin de sa famille. Et le Troll avait dû, outre ses autres talents, apprendre à conter. On ne disait pas de Blart qu’il était barde pour rien… Mais, aussi talentueux puisse t-il être, il arrivait, dans certaines villes, que le public se montre difficile… Et c’était le cas de Fadh et de ses habitants détestables.

Alors… “Si tu ne peux pas gagner d’argent en contant les affaires du continent, tu n'as qu'à chanter jusqu’à ce qu’on te paie pour arrêter.” lui avait soufflé une fois son oncle. Et il s’en amusait, Blart, de leurs visages tordus, ou peinés. Et la pitié de certain… C’étaient eux qui lui faisaient pitié. Brillant dans son jeu d’acteur, le troll semblait tout donner, et intérieurement, ils les raillaient… Tous autant qu’ils étaient… Ah ! S’ils savaient…

Le barde dévisagea l’assemblée un instant. Bon… Il était où le gamin ? Un mioche à l’air mal baisé… Peu de présence et… Ah ! Il était là ! Intérieurement, le Troll sourit jusqu'à ce qu'une bourse lui arrive dessus. Jackpot ! Le troll resta immobile un instant, cherchant le bienfaiteur de ces bons gens. Celui qui balançait une bourse pleine à un mauvais barde devait avoir bien d'autres choses à offrir… Blart s'imagina un instant continuer sa chanson pour les narguer encore, mais le peu de bon sens qu'il lui restait encore lui soufflait de se taire… À moins que ce soit Elle qui lui lançait un avertissement silencieux ? Pourquoi ne parlait-elle pas d'ailleurs ? Sûrement encore à cause de la sirène… Et pourquoi voulait absolument attirer son attention sur l'autre bombe sexuelle ? Non… Non, non… Même pour lui faire plaisir… Sa rondelle resterait imperméable aux agressions extérieures… Le barde soupira, s'inclina, et s'éloigna vivement de la foule qui menaçait de changer la place en bain de sang. La ville n'était pas sûre pour les gens comme lui… Il y a avait dans le coin trop de porteurs d'armes, et certains à en juger par leur dégaine, semblaient provenir d'Eel...

"Ah oui ! Le gosse !" Grommela t-il en sentant son ombre le ralentir.

Fixant sa proie un instant, il observa ses mouvements. Le troll se mit à rire, ses épaules tressautantes comme une charrette de purrekos sur un chemin de terre. Il puait la richesse comme Blart puait la mauvaise bière.  Il se fit discret, et avant de reprendre sa filature, il passa derrière le garçon, misérable et l'air de rien.

"Ami de la montagne qui rit… Le coin n'est pas sûr pour les gens comme toi et moi… Blart t'attendra à l'auberge de L'Alcopafel Blanc "

Dernière édition par Blart le Sam 4 Avr - 20:09, édité 1 fois

J'aimeJe n'aime pas

Une bourse d’or traversa la pièce, lâchant quelques pièces dorées sur son chemin et interrompit de stupeur le petit gobelin, et à peu près tout le monde autour de lui. Noctem ne fit pas exception. Il ne put s’empêcher de se redresser sur sa banquette dans un léger soubresaut et de regarder la petite bourse cuir pendant quelques secondes. C’était une sacrée somme pour empêcher un barde de continuer son travail dignement. Les pièces d’or étaient assez rares pour ne pas être gaspillées à la première occasion. C’était un geste dangereux dans une telle auberge où la criminalité ne pouvait être correctement contrôlée. Une personne riche attisait la convoitise des plus pauvres, c’était d’une logique enfantine. D’autant plus que Noctem n’aimait pas ce genre de comportement déplacé et ostentatoire. Mais le barde ne semblait pas se préoccuper outre mesure de sa considération aux yeux de ses congénères faerys et préférait ramasser les pièces tombées avec un certain contentement.


Noctem leva les yeux vers le fauteur de trouble. C’était un homme dont le physique passait aussi inaperçu que le sien, mais si ce n’était que les raisons étaient différentes. Il était impossible de passer à côté du charisme aussi majestueux qu’insolite qu’il dégageait. Et son apparence n’était pas en reste. Noctem lui-même pouvait sentir son regard être happé par les émeraudes luisantes qui se baladaient sur la foule. Il pouvait comprendre l’effet que certaines créatures avaient sur les autres faerys et savait que l’attirance ressentie était artificielle, mais il n’était pas intéressé et préférait se tenir loin de ce genre de personne. Ce riche faery avait le don de détourner l’attention, qu’il le veuille ou non, et il ne pouvait se le permettre dans un tel endroit.
Quelques poivrots étaient tombés en pâmoisons à son contact. Pauvres bougres.


"Ami de la montagne qui rit, dit une voix dans son dos. Le coin n'est pas sûr pour les gens comme toi et moi… Blart t'attendra à l'auberge de L'Alcopafel Blanc."


Noctem avait subitement tourné la tête mais il stoppa rapidement son mouvement, ne voulant pas attirer l'attention ni sur lui, ni sur son interlocuteur. “Ami de la montagne”, “des gens comme toi et moi”, que voulait-il dire ? Etait-ce un des fameux contact de Xenos ? L’avait-il envoyé ici ? Non, c’était peu probable. Xenos ne lui avait jamais envoyé des gens sans les lui avoir présentés au préalable. De plus, les indicateurs étaient des gens frileux qui n’aimaient pas se frotter aux inconnus. Même avec une bonne description de ce qui devait être son interlocuteur, c’était un métier bien trop dangereux pour les imprudents. Mais s’il n’était pas une connaissance de Xenos, comment diable pouvait-il savoir autant de choses sur lui ? Il n’était pas connu en temps que chasseur de prime ou mercenaire et son lien avec Xenos n’était pas évident. Qui que soit ce petit être, il était drôlement bien informé. Au point même d’en devenir dangereux pour lui et son mentor. Toutes ces questions se posaient à grande vitesse dans sa tête, mais la plus importante restait sans réponse : que devait-il faire ?


Il se demanda ce que Xenos lui aurait conseillé à sa place. Il savait déjà ce que le barbare aurait fait de lui même, et en aucun cas cela se serait déroulé dans la négociation et sans une goutte de sang. Jamais à la pleine vue des citoyens d’Eldarya, toujours dans la pénombre d’une ruelle déserte et dans un silence de mort, Xenos n’était pas du genre à laisser des témoins à ses méfaits. Et pourtant, ce n’était pas la marche à suivre qu’il conseillait à Noctem surtout dans cette situation. L’inconnu n’était ni un danger immédiat ni une prime. D’autant plus que les ouïes-dires et les rumeurs ne les mettraient pas dans une situation délicate. Xenos lui conseillerait probablement d’ignorer l’ivrogne et de le laisser partir. Il était plus probable que tout cela soit un piège qu’une charitable offre d’entraide. Mais la curiosité de Noctem était piquée à vif et il voulait voir de quoi était fait cet homme décidément bien indiqué. Il se risqua à se retourner pour regarder du coin de l’oeil la silhouette du personnage lorsque celui-ci quitta son dos. Mais il fut stupéfait et perplexe de reconnaître le piteux mais riche barde de tout à l’heure. Etait-il observé depuis le début de la journée ?


Il se leva doucement, en laissant ce qu’il devait sur la table de l’auberge, puis discrètement et avec méfiance, il se mit à suivre sa cible. Il aurait intérêt à démêler le fin mot de cette histoire au plus vite.

J'aimeJe n'aime pas

Nevra plissa les yeux et de sa main, il érigea une barrière d’ombre contre le soleil. Il pesta face à la chaleur qu’il n’avait jamais pu supporter. Il détestait le désert de Najm et s’il n’y avait pas eu cette possible alliance à renforcer contre la capture d’un dangereux animal sauvage, il ne serait jamais venu aussi loin par cette chaleur. Fadh, aussi vivante et alimentée en eau fût-elle, ne parvenait pas à apaiser son malaise. Il fallait dire que s’il ne brûlait pas sur place comme les plus vieux vampires, il n’était pas non plus dans son élément et cela se voyait. Sa peau était trop blanche pour un climat pareil.
         Il avait ouvert son manteau pour profiter au maximum du moindre courant d’air mais avait gardé sa capuche pour protéger sa tête des rayons du soleil. Il marchait d’un pas tranquille aux côtés d’Ajihad, un Seigneurs des Bêtes reconnu parmi les Veilleurs, dans le but de tout observer autour de lui mais aussi d’éviter de faire grimper sa température corporelle.
 
- Cette chaleur me donne envie de crever, maugréa Nevra en jetant un coup d’œil à son camarade. Si j’avais su qu’ils avaient affaire à une créature nocturne, j’aurais adapté notre itinéraire pour qu’on arrive un peu plus tard dans la journée.
 
          Le problème était qu’après avoir été reçus par le commanditaire de leur mission, Nevra et Ajihad avaient été un peu livrés à eux-mêmes, comme un quartier libre imposé en plein cagnard. Le vampire soupira en voyant les étendues sablonneuses qui s’étendaient à perte de vue et à perte de motivation.
           Ils errèrent un petit moment dans les rues ensablées de la ville avant que Nevra n’avise une petite taverne où il semblait y avoir de l’animation.
 
- Hm… ça te dirait de boire quelque chose, Ajihad ? proposa Nevra. Je vais crever si on reste dehors. Genre, vraiment.
 
           Sans vraiment attendre sa réponse, il se dirigeait déjà vers la taverne dont il poussa la porte. Il régnait une ambiance… étrange… dans cette taverne, mais le Veilleur décida de ne pas s’en préoccupait. Rien ne pouvait se mettre en travers de son chemin vers la désaltération. Les deux collègues prirent place à table et on vint s’enquérir de leurs commandes.
           En attendant, le brun se mit à relire les notes sur la mission. Depuis quelques semaines, les habitants de Fadh étaient face à une situation compliquée : une créature, non identifiée mais vraisemblablement nocturne, s’attaquait aux voyageurs et habitants qui étaient dans les rues. Plusieurs blessés étaient à déplorer et faisaient l’état de larges lacérations. Démunis malgré les quelques mercenaires qui faisaient des missions dans le coin, le chef du village avait décidé de faire appel à la Veillée. Ce fut ainsi que Nevra, en sa qualité de maitre de la dissimulation, et Ajihad, Seigneur des bêtes, se retrouvèrent en mission.
            Il espérait vraiment que ça se passerait bien.

J'aimeJe n'aime pas

Cela ne pris pas beaucoup de temps à Blart pour se rendre compte qu’il était suivit. Heureusement pas par ce qu’il soupçonnait être des veilleurs, ni la milice de Fadh, mais par le gamin. Le troll déambulait, tel un fou dans les rues de la ville, riant, jacassant pour lui même semblait-il. Attirant obligatoirement l’attention sur lui. Et c’était voulu. Les gens le regardaient, dégoûté, puis détournaient les yeux pour oublier la vision de ce troll dégoûtant et certainement pas seul dans sa tête. Bruyant, mais pas assez gênant pour se faire arrêter. Après un nouveau regard vers le gosse, il eut un rire qui lui secoua les épaules. Il fallait dire que si lui avait pu reconnaître le jeune homme, le jeune homme lui, ne semblait pas se rappeler du troll. Prenant une voix éraillée, il se mit à chanter un air connu de ceux qui l’avait déjà entendu dans la forêt des réfugiés… Cela aiderait probablement le gosse à le resituer même si son apparence n’était pas tout à fait la même.

“Nah la la !....Délaissée et bafouée…
Il la pensait douce, et na lélé !
sans regret, assez pour pouvoir... l’abîmer.

Nilalalnélélélé !
L’ame mmmhnéees d’un daemon qui dormait...

Invoquant les mercenaires de l’enfer,
Elle les envoya tuer massacrer,
nimnimnim léléléla lalé !!

Éventré et parties arrachées,
Sans vie, les mercenaires,
Les abandonnèrent…

Lalalalé … Mmmh mmh mhm mhh…!”

Tout cela, juste pour appâter. A n’en pas douter, même s’il faisait énormément de détours, il s’avançait vers le quartier des plaisirs de Fadh. Les miliciens y étaient peu nombreux, et quand ils y étaient, c’était plus pour se faire une fille ou deux. Voir un homme s’ils penchaient pour l’autre bord. Ou les deux pour plus de plaisir. Et il était là, L’Alcopafel Blanc. Sur la pancarte, le volatil ressemblait plus à un phénix blanc qu’autre chose, mais il valait mieux ne pas en faire la remarque à la tenancière. Par chance, ils n’avaient pas rencontrer la créature qui rodait dans la ville. A l’intérieur, charmeuses et envoûtante, elles dansaient, sur les tables, sur le bar… Sur et pour ceux qui les payaient… Et si leurs bourses étaient assez pleines, elle les emmenaient vers les étages supérieurs du bâtiment. Un bordel déguisé. Une taverne bordélisée. Une auberge des plaisirs. Un lieu souvent visité par les brigands, car à Fadh, de toute les tavernes mal famées, L’Alcopafel Blanc était celle où les missions étaient les plus intéressantes pour les connaisseurs. La tenancière, reconnaissant le gnome, lui sourit, semblant ne pas remarquer son état, ou ne s’en préoccupant pas tout simplement. Le troll se tourna vers le “mal baisé”, le regard défiant, le sourire narquois avant d’entrer.

J'aimeJe n'aime pas

Il slaloma agilement entre les tables de l’auberge sans bousculer ou attirer l’attention de personne. Il était juste un voyageur habituel qui sortait d’une auberge. Il ne voulait pas perdre le gnome de vue mais il faisait quand même attention à ses gestes dans une taverne aussi bondée. Son attention dériva quelque peu lorsqu’il sentit sa main frôler un verre sur une table. Par réflexe ou par inattention, il regarda par la même occasion quelques groupes de personnes autour de lui. Personne ne semblait lui porter d’attention particulière. Bien. Il pouvait continuer de suivre le mystérieux faery.


Il ne se faisait pas particulièrement discret dans sa filature. Après tout, il ne cherchait pas l’effet de surprise et ne pensait pas que la petite créature puisse lui échapper de quelques manières que ce soit. Il savait être rapide et frapper fort. De plus, si la créature était bien celui qu’il pensait être, il n’avait rien à craindre de lui. C’était juste cette incertitude qui lui recommandait la prudence. Ca et la fait qu’il n’avait jamais eu lui-même d’interaction avec le dénommé Blart. La foule était dense et s’il n’avait pas été entraîné à suivre des cibles comme Xenos lui avait enseigné, il aurait pu perdre la trace du faery à de nombreuses reprises. Mais le luth qu’il transportait rendait le barde relativement facile à tracer, même lorsqu’on le perdait de vue pendant une ou deux secondes parmis les passants et les commerçants. Tout était si bruyant, si agaçant. Que ce soit les marchands qui criaient dans les rues à quel point leurs marchandises étaient meilleures que celles du commerce d’à côté, ou les gens qui s’arrêtaient au milieu d’une rue déjà trop étroite pour regarder des articles de luxes sûrement factices ou frauduleux. Tout était san gêne. les commerçants vous arrêtaient dans votre marche en vous saisissant par le bras. Noctem dût en esquiver plusieurs et toutes ses compétences d’agilité étaient nécessaire pour leur échapper. Ils étaient presque meilleurs meilleurs que les miliciens pour vous attraper.


Et voilà que pour lui faciliter encore un peu plus la tâche, le barde s’était mis à chanter. Une chanson plutôt familière pour le mercenaire et dont il avait entendu les paroles récemment. Maintenant, il était sûr de son identité. C’était donc bien Blart, le même Blart qu’il avait rencontré quelques semaines auparavant dans cette auberge de passage avec Xenos. Il n’avait pas de raison de se méfier du troll. Celui-ci avait été plutôt bienveillant la dernière fois qu’il l’avait croisé, allant même jusqu’à les prévenir de la menace imminente des miliciens qui s’étaient lancés à leur trousse. Mais pourtant, Xenos l’avait mis en garde contre lui. Lorsque le chemin du petit troll et celui des mercenaires s’étaient séparés, Xenos et lui avaient eu une petite discussion au sujet du barde vicieux. C’était un bon receleur d’informations et il les vendait à un prix raisonnable si on savait utiliser les bons arguments. Mais il restait un bandit qui travaillait pour son propre profit. S’il lui arrivait d’apprécier de la compagnie, il ne restait fidèle qu’à lui-même et à personne d’autres. Il pouvait aussi bien t’aider que te vendre pour le bon prix et chaque information qu’il récupérait sur une personne était susceptible d’être revendue. “Pas d’honneur chez les voleurs”.


Il vit enfin le troll se rapprocher d’un établissement, et en levant la tête, Noctem vit qu’il s’agissait bien de “l’Alcopafel Blanc”. Bien que la figure ne ressemble pas le moins du monde à un Alcopafel, il avait au moins le mérite d’être blanc. Il ne devait pas avoir été le premier à remarquer cette erreur cela-dit. A la vue de la devanture de l’établissement, où des jeunes femmes se tenaient lascivement en laissant paraître leurs formes les plus féminines, le mercenaire se dit que la faute ne devait pas être le principal sujet de conversation des clients. Et Blart semblait vouloir faire parti de ces clients. Il regardait son poursuivant d’un air interrogateur, le mettant au défi de rentrer avec lui dans la maison-close. Blart entra comme le ferait un habitué, et Noctem le suivit de près. Bien qu’il n’avait pas particulièrement le goût de s’éterniser dans ce genre d’établissement, il n’était pas aussi timide que le troll semblait le penser. Et s’il n’aimait pas la manière dont les prostituées essayaient généralement d’attirer leurs clients en forçant le contact corporel, elles n’étaient rien que Noctem ne sache gérer. Elles étaient tout de même bien plus dociles que les bêtes qu’il avait dû achever.


L’intérieur de l’établissement avait une ambiance tamisée. Les rayons du soleil filtraient dans les moucharabiehs, couvrant quelques activités indiscrètes qui se passaient derrière. Les femmes étaient soit en train de danser de manière aguicheuse, en remontant leurs jupes ou en ondulant leurs corps, soit assises avec leurs potentiels prochains clients à discuter un sourire aux lèvres et les seins qui sortaient outrageusement de leurs chemises. Noctem avait presque un pincement au coeur en repensant à sa dernière mission. Elle aussi avait certainement été dans la même situation que ces filles-là. Ce n’était déjà pas toujours une belle vie, elle n’avait pas non plus eu une belle mort.


Et au milieu de tout cela, il y avait Blart. Noctem le voyait se faufiler vers les pièces privées, où les clients pouvaient faire leur affaire sans être déranger par les regards indiscrets. Noctem vérifia que personne ne prête attention à lui pour se faufiler à son tour. Quelques filles sortaient des chambres après avoir épuiser leurs amants. Certaines rigolaient avec d’autres sur les performances médiocres des hommes ou au contraire leur aisance et leur adresse. Elles jetaient aussi un oeil sur ceux qui entraient dans le couloir, leurs prochaines mises-en-bouches. Mais ce ne serait le cas ni de Noctem, ni de Blart. Il attendit que les filles soient occupées à leur tour pour entrer discrètement dans une des chambres, pour y retrouver Blart.


Enfin seuls, Noctem s’adressa au troll avec une voix calme et posée :

“Il me semblait bien avoir vous reconnu en sortant de l’auberge. Vous êtes Blart, c’est cela ? Qu’est-ce que vous vouliez ? Si c’est Xenos que vous cherchiez, il n’est pas à Fadh pour le moment.”

J'aimeJe n'aime pas

La journée était passée plus rapidement à partir du moment où Nevra avait eu la bonne idée de poser ses fesses sur une chaise d'une taverne avec de quoi boire à disposition. Finalement, Ajihad et lui avaient passé un après-midi entier à la taverne : Miiko aurait crié au manque de professionnalisme. Nevra estimait qu'il fallait savoir préserver sa santé et celle de ses collègues.
       Voilà, ça avait été de première nécessité.
       La pinte de bière, sans doute un peu moins.

       La nuit avait fini par déposer ses lueurs d'albâtre et ses brises bienvenues sur les dunes qui entouraient Fadh. Au balcon de sa petite chambre d'auberge, Nevra laissait le vent jouer avec les mèches que sa capuche ne protégeait pas. Tout était calme. Il y avait le bruit du vent et les quelques grondements animaux qu'il portait. Les insectes émettaient leurs chants qui se perdaient au loin à l'horizon piqué de dunes de sable. En dépit de son activité diurne et des quelques établissements encore ouverts à cette heure avancée de la nuit, Fadh savait se reposer et apporter une certaine quiétude à ceux qui y étaient de passage.
       Nevra ne l'aurait jamais cru, à vrai dire. Il avait toujours estimé que cette cité sablonneuse était un véritable carrefour où se côtoyaient les dangers et les péripéties. Bon, il n'avait pas tout à fait tort, sinon il n'aurait jamais été envoyé là, mais cette ville cachait finalement un petit trésor de sérénité au milieu du désert.

       Cependant, les grains de sable projetés aux quatre vents ne tarderaient pas à abimer ce joyau et quand Nevra entendit un hurlement à la lune, il comprit qu'il était l'heure. Il revint rapidement dans la chambre et appela son compagnon d'armes. Il reprit ses quelques affaires pour les ranger dans les multiples sacoches qui parferaient le côté pratique de son uniforme.

- Inutile de te conseiller d'être prudent, supposa Nevra. Etant donné qu'on doit capturer la bestiole, ça ne va pas être une mince affaire, je n'ai pas spécialement envie que la pauvre bête souffre, surtout s'il s'agit d'un animal sauvage apeuré. 

       Il termina de se préparer et finit par se tourner vers son camarade.

- La protection des villageois est notre priorité. J'ai repéré deux établissements encore en activité un peu plus au nord, en plus du rez-de-chaussée de la taverne. Si un mec bourré sort et entre dans la ligne de mire de la bestiole... avec tout ce que nos a raconté notre recruteur, j'ai un peu peur des conséquences. Sérieusement, ils auraient dû instaurer un putain de couvre-feu plus drastique.

      Une fois prêt, il ouvrit la porte et descendit l'escalier en colimaçon qui grinça à chacun de leurs pas. Il sauta la dernière marche et fendit la pièce de vie d'un pas assuré avant de sortir. Ses dagues déjà en main, il se mit à déambuler dans les rues, les sens en alerte.

J'aimeJe n'aime pas